Cher Corps [Vidéos Youtube]

Salut à toi bouquineur.se de passage !

Une fois n’est pas coutume, on ne parle pas lecture aujourd’hui mais contenu vidéo avec une superbe série de portraits de femmes disponible sur Youtube.
Çà s’appelle Cher corps, sur la chaîne de Léa Bordier, et c’est un vrai petit bijou.

L’idée de cette série, c’est d’entendre les témoignages de femmes sur le rapport qu’elles entretiennent avec leurs corps à différents moments de leurs vies et l’image qu’elles ont d’elles-mêmes.

Alors, oui, en termes de chronologie des médias, exhumer des vidéos Youtube de plus de 2 ans, çà date un peu. Mais bon, quand un contenu est de qualité, il ne vieillit vraiment jamais.

Et niveau qualité, on est plutôt bien servi(e)s avec cette série de témoignages (en tout cas, sur ceux que j’ai déjà pu voir). Léa Bordier réussit à mettre suffisamment en confiance toutes ces femmes pour obtenir un discours sincère et profond sur des sujets très intimes tels que l’éveil de la féminité, la maternité, la sexualité, la maladie, le temps qui passe…
L’interview pointe aussi le poids du regard que les autres portent sur nous et surtout celui que l’on porte sur soi et qui est souvent le plus critique.

Des personnalités uniques qui donnent des épisodes variés avec parfois des figures connues de la scène, de la blogosphère ou de YouTube.

Émouvants, inspirants. Une ôde au droit à la différence et à l’acceptation de soi.

A découvrir pour gagner en bienveillance et arrêter de juger les autres !

Mes vidéos préférées (pour le moment) :
Témoignage de Juliette, celui de Mai et celui de Marina

Connaissiez-vous déjà cette chaîne ? Si vous avez d(autres conseils vidéos ou podcasts sur ce thème, je suis preneuse ! Au plaisir de vous lire…

L’image manquante de Rithy Panh [Film]

Hello les bouquineur.se.s de passage !

image_manquante_rithy_panh_doc_cambodgeJe coupe un peu au rituel de la chronique littéraire aujourd’hui pour vous parler d’un film qui m’a bouleversée. Plus précisément d’un documentaire de Rithy Panh, cinéaste franco-cambodgien.

Une majorité de son travail est consacrée au génocide khmer par les khmers rouges. Il est d’ailleurs l’auteur du livre puis du film S21, la machine de mort.

L’image manquante est l’histoire de sa vie entre 1975 et 1979. Né au Cambodge, il a 13 ans en avril 1975 quand les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh pour vider la ville de leurs habitants. En 48h, 2 millions de personnes, hommes, femmes, enfants, sont jetés sur les routes. Direction la campagne pour être « rééduqués » dans des camps de travail et construire sous l’idéologie de Pol Pot et l’Angkar, la « grandeur » du Kampuchea Democratic. 

Face à l’indicible, comment témoigner de ces 4 années au cœur de l’enfer, des atrocités du génocide cambodgien sans image en dehors de celles tournées par le régime lui-même ?

C’est là tout le projet de ce film :  Car si les insupportables images de l’Ankar sont restées dans la tête du réalisateur, toute l’existence de sa famille, ses proches, son enfance, sa maison ont été effacées de la réalité, décimées, détruites par le génocide. D’eux, il ne reste aucune trace physique, aucune représentation palpable : L’image manquante au sens propre. 

Pour réussir à raconter, reconstruire et faire revivre tout ce qui a été perdu, Rithy Panh utilise des petites figurines en glaise pour mettre en images ses parents, ses frères et sœurs, lui même. Une mise en objet qui lui permet de faire revivre ses souvenirs quand le génocide n’a laissé aucune trace matérielle.

On pourrait penser que le recours à ces petites poupées permettraient de mettre de la distance entre l’horreur des faits et le spectateur. L’approche et le procédé apparaissent moins frontaux, pour ne pas dire moins brutaux que pour S21, la machine de mort, mais l’atrocité du génocide s’impose dans toute son abomination.

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L’image manquante est à coup sûr une oeuvre forte et indispensable de notre histoire contemporaine, un film pour se rendre compte du génocide cambodgien.

Pour aller plus loin, dans les bonus du DVD, Christophe Oo-dit-bio interviewe Rithy Panh ainsi que Christophe Bataille qui a écrit les commentaires du documentaire. Il existe aussi l’excellente émission radio Affaires sensibles sur l’entrée des Khmers rouges dans Phnom Penh.

Enfin, pour rester dans le cinéma, sur le même thème, mais traité d’un point de vue différent, le film d’animation Funan de Denis Do est sorti en mars dernier dans les salles.

Catégorie : 5 étoiles

Les délices de Tokyo de Naomi Kawase [Film]

delices-tokyoHello les bouquineurs de passage,

Tentons d’insuffler un peu de vie à ce blog en complète perdition et une fois n’est pas coutume, parlons cinéma (Tchi tcha !).

L’édition 2018 du Festival de Cannes a débuté la semaine passée et à cette occasion, Arte diffuse de nombreux films primés, dont ce bien joli film : Les délices de Tokyo de Naomi Kawase.

 

Petit point résumé :

Sentarô tient une petite échoppe de dorayakis, pâtisserie japonaise faite de 2 pancakes garnis de pâte de haricots rouges. Taciturne, Sentarô exerce son métier non sans une certaine monotonie. Un jour, il fait la connaissance de Tokuê, une femme quelque peu âgée qui répond à son offre d’emploi d’aide en cuisine. Gêné par son âge avancé, Sentarô lui refuse d’abord le poste. Mais mis devant les talents exceptionnels de cette cuisinière hors-pair, il finira par l’engager.
Entre ces 2 passionnés de cuisine va dès lors se tisser un véritable lien d’amitié sous l’œil complice de Wakana, une jeune collégienne esseulée. 

Mon avis ? Ce film est un véritable coup de cœur.
En relatant le quotidien de ces 3 personnages dans le Tokyo d’aujourd’hui, la réalisatrice dépeint tout en nuances la société japonaise actuelle et dénonce les différentes formes d’exclusion dont sont victimes Sentarô, Tokuê et Wakana.

Une histoire de transmission intergénérationnelle mais aussi une réflexion sur le poids du passé qui imposent nos « choix » de vies.

Les 3 personnages sont touchants et attachants, on se prend d’affection pour eux et on a envie de se glisser avec eux, dans la petite boutique baignant dans l’odeur des dorayakis.

Adapté du roman éponyme de Durian Sukegawa, que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire, Les délices de Tokyo est un film plein de grâce, une ôde à la tolérance et une exhortation à rester soi-même et à suivre sa propre voie.

Un vrai petit bijou d’humanité et de sensibilité que je ne saurai trop vous recommander en ces temps de repli sur soi et de peur de l’autre.

N’hésitez pas à le (re)voir ce soir sur Arte ou dès à présent (gratuitement !!) sur leur site, jusqu’au 20 mai !

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